vendredi 2 octobre 2009

60 ans de presse et de répression des médias
Publié le 1er octobre 2009

Dans le même pays
29 septembre 2009 - Censures et bavures à la veille du 1er Octobre
18 septembre 2009 - Blue Shield, version plus puissante du Green Dam, imposé par les autorités ?
9 septembre 2009 - Mainmise sur les sites tibétains et leurs lecteurs
Les autorités chinoises, fortes d’une puissance restaurée, ont décidé de célébrer les 60 ans de la République populaire de Chine avec feux d’artifice et défilés militaires. Mais il est également important de dresser un bilan de cette période, pour les médias chinois, et au nom du droit des citoyens à être informés. Reporters sans frontières a voulu participer, à sa manière, à cet anniversaire, en choisissant quelques dates éclairant sur l’évolution de la presse en Chine.
Ces soixante dernières années ont été difficiles pour les journalistes, tant le régime maoïste a souhaité faire des médias de simples outils de propagande. Aujourd’hui, journalistes et blogueurs ne sont plus sous l’emprise totalitaire, mais la censure n’a jamais cessé. Le Parti communiste continue d’exercer un contrôle direct sur l’agence de presse Xinhua, les journaux tels que le Quotidien du Peuple ou le groupe de télévision CCTV.
Avant la proclamation de la République populaire de Chine, le 1er octobre 1949, les médias chinois bénéficiaient d’une certaine liberté. L’arrivée de Mao Zedong au pouvoir a mis fin au pluralisme des opinions et aux médias privés. Bien entendu, les journalistes chinois avaient déjà dû affronter la censure des partis politiques, notamment le Kuomintang, ou des occupants japonais, mais le Parti communiste chinois a mis fin à une liberté de la presse en germe.
L’année 1949 marque indubitablement un coup d’arrêt à la liberté éditoriale. Jusqu’à la mort de Mao Zedong, en 1976, les intellectuels, notamment les journalistes, ont vécu dans la peur de la répression arbitraire orchestrée par le régime. Le bilan humain est effrayant, avec de nombreux journalistes tués ou "suicidés". Surtout la population a subi pendant plusieurs décennies une "propagande abrutissante". Certains journalistes ont toutefois participé activement à la défense acharnée du Parti, renonçant à l’éthique professionnelle.
Depuis le début des réformes économiques, le bilan est beaucoup plus contrasté. La situation des journalistes s’est globalement améliorée. Toutefois, ce n’est pas le régime qui a gracieusement octroyé plus de liberté, mais plutôt les journalistes qui l’ont conquise, souvent au risque d’être limogés ou emprisonnés.
Depuis la fin des années 1990, Internet représente un nouvel horizon pour les journalistes et les blogueurs. Un outil révolutionnaire pour faire pression sur les autorités nationales et locales. Mais cette nouvelle technologie est également devenue un formidable outil de propagande.
Avant le 1e Octobre : une ouverture pour les médias
Les médias modernes en Chine, sur le modèle de l’Occident, ne sont apparus que dans les années 1890. Les premiers journaux chinois étaient dirigés par des étrangers, en particulier des missionnaires et des hommes d’affaires. De jeunes étudiants chinois progressistes, qui ont été initiés au journalisme à l’étranger, ont également importé les techniques de reportage.
A la suite du mouvement du 4 mai 1919, qui a vu des intellectuels chinois appeler à une démocratisation et à une modernisation de la jeune république, sont apparues des publications critiques à l’égard du parti nationaliste au pouvoir, le Kuomintang (KMT). Les journaux se risquaient à aborder des sujets divers, notamment les droits de l’homme, le code pénal, la peine de mort et les réformes administratives. Mais l’hostilité du Kuomintang à l’encontre d’une trop grande indépendance des journaux a provoqué de nombreuses tensions dans les années 1930.
Même si la censure a existé dans la première moitié du vingtième siècle, la presse en Chine a alors connu une indubitable libéralisation due à la faiblesse de l’Etat, conjuguée à l’influence des puissances occidentales présentes dans les concessions territoriales.